3h00 du matin. Ma montre sonne. Je m'habille en 30 minutes puis me prépare
à sortir de l'hotel. Maleureusement les portes sont fermées et le personnel
de l'hotel dort. Je dois réveiller le maitre d'hotel et lui fais mes
excuses pour avoir perturbé son sommeil mais c'est hors de question que je
loupe le train. Je me dirige vers la gare a pied avec mon gros sac à 4h00
du matin dans une ville iranienne. On m'aurait dit ça ya 3 mois j'aurai
peut-être acheté une kalachnikov au cas où. Mais les villes iraniennes
visitées jusque là ont toujours été très calmes et YAZD ne fait pas exception,
je n'ai aucun problème pour rejoindre la gare à pied au bout d'une
demi-heure de marche ( car les taxis ne sont pas nombreux à cette heure-ci ),
les rues sont vides. Heureusement que j'ai un plan sur moi pour ne pas me
perdre.
J'arrive à la gare à 4h35, j'ai fait les dernieres centaines de mètres du
trajet à toute allure pour ne pas manquer mon train. C'était sans compter
sur les chemins de fer iraniens, aussi ponctuels que la SNCF. En effet,
le train arrivera avec
1h30 de retard, et je ne suis pas au bout de mes surprises...
Nous embarquons dans les wagons, mes compagnons de cabine seront 5 jeunes
iraniens, de 17 à 29 ans. Le train part. Du fait que je ne parle pas le
farsi, et d'un naturel pas très ouvert, je reste silencieux durant les
premières minutes du trajet, ce qui semble gêner l'un des iraniens présent
dans la cabine. C'est alors que le controlleur arrive pour vérifier nos
billets. Il s'attarde sur le mien ... et me demande où je veux aller.
Je lui réponds"Esfahan" ..."Esfahan ?? But this train goes to Kerman ! Your
train was delayed"...Je me disais aussi, le train avait pris une drôle de
direction ... De plus, je n'ai pu lire aucun des panneaux d'information
écrits en farsi. Mes compagnons me conseillent alors de descendre à BOF
( phonétiquement ca ressemblait à BOF ) et de prendre un bus vers YAZD, puis
de YAZD aller en bus vers Esfahan. Le réseau de bus iranien ayant fait preuve
jusqu'ici d'une qualité à toute épreuve, j'accepte leurs conseils sans
hésiter. Cependant, il nous reste au moins 45 minutes de trajet avant
d'arriver à BOF. Fort heureusement, cette incident a délié les langues
( surtout la mienne ), et je fais connaissance avec chacune des 5 personnes.
Tous sont étudiants, sauf l'un d'entre eux qui est professeur et a une
petite fille. On parle de tout, France, Iran, femmes occidentales et
orientales, Bush-Sharon, religion, et même terrorisme. Sur ce dernier point
l'un d'entre eux me demande s'il est vrai que l'Iran est présenté comme un pays
terroriste depuis l'étranger, ce que je lui confirme à mon grand regret, a
cause des médias qui ont cette faculté de façonner la pensée des gens par la
simple désinformation.
Toute la conversation se fait en anglais, 2 d'entre eux se débrouillant plutôt
bien. Je leur montre les photos que j'ai prises jusque là et j'en profite pour les
immortaliser également sur l'appareil. Leur sympathie et leur hospitalité ont
été très touchantes. Arrivés à la petite gare de BOF, 2 d'entre eux descendent
quelques instants le temps de me trouver un taxi qui m''emmenera au terminal
autobus, puis, après m'avoir fait leurs adieux, remontent a toute vitesse
dans le train prêt à repartir. Et si au final j'avais pris le bon train ...
Il est 7h53 lorsque le taxi me dépose au terminal autobus de BOF, par chance
le bus part à 8h vers YAZD. Et c'est 90 minutes plus tard que nous arriverons
au terminal de YAZD, ou je me dépeche d'acheter un billet pour Esfahan. Un bus
part dans 30 minutes. La facilité et la rapidité avec laquelle il est possible
de traverser l'Iran en bus est vraiment surprenante et appréciable, en plus
d'être bon marché.
Le trajet vers Esfahan durera 4h30. Chose etonante, on peut voir des bandes
annonces de films occidentaux dans le bus, avec des actrices pas spécialement
en tenue islamique ( tout en restant dans les limites de la pudeur bien
entendu, on est en Iran quand même ). En descendant du bus à Esfahan, un taxi
m'emmène à l'hotel Amir Kabir ( 5 euros la nuit ouaaaais !!! ). La chambre est
petite mais à ce tarif là je m'en cogne. Il est environ 15h lorsque je sors visiter
Esfahan à pied, cependant je n'ai pas de plan de la ville, l'hotel n'en
dispose pas.
Après une petite marche de 20 minutes, je tombe sur le fameux pont
aux 33 arches ( Si-o-Sé Pol ). Celui là même que j'ai vu à la télévision 1 an
auparavant. Et maintenant j'y suis ! Je n'aurais jamais cru m'y trouver un an
plus tard. Le Si-o-Sé pol enjambe la rivièe Zayandeh, laquelle est bordée de
verdure sur laquelle les Esfahanis ont l'habitude de pique-niquer en famille
ou de se balader. Je parcours le bords de la rivière, c'est alors qu'un jeune
homme m'accoste, me demandant comment il eut se rendre en europe pour y
travailler, il n'apprecie visiblement pas sa condition de chauffeur de taxi à
Esfahan. Mais je ne peux pas l'aider je ne suis qu'un modeste touriste ! Je
préfère couper court à la discussion et m'eclipse à l'hotel. L'hotel dispose
d'une connexion Internet certes très lente, mais qui me permet de donner
quelques nouvelles à ma famille pour ne pas qu'elle s'inquiète ( et vu comment
l'Iran est présenté en Europe, il yaurait de quoi s'inquiêter ). Après 1h
d'internet pour me tenir au courant des dernières news du monde, je retourne
voir le pont de nuit. La ville d'Esfahan compte au total 5 ponts sur la rivière
Zayandeh. Cest probablement la partie de la ville la plus prisée des citadins
et des touristes etrangers qui y affluent. Malheureusement, mes piles sont
mortes, et plus aucune photo ne sera prise avant le lendemain.
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