5h00 du matin. Le bus arrive à Téhéran. J'ai tellement mal dormi que j'aurai du mal
à faire l'économie d'un hotel pour dormir au minimum quelques heures et y poser mes
affaires. Il pleut et il fait froid. Le mauvais temps Rasht m'a suivi jusqu'à
Teheran. Un taxi me propose de me déposer à l'hotel pour 3 Khomeiny ( 1 Khomeiny =
1 billet de 10 000 rials = 1000 tomans = 1 euro ). Je n'ai que 3500 Tomans sur moi,
j'essaie de négocier pour qu'il m'y conduise pour 2 euros, ce que le taxi refuse.
J'essaie donc d'en trouver un autre, qui accepte.
Le taxi me dépose dans la même rue que celle du premier jour de mon séjour. Cette rue
a la particularité d'être remplie d'hôtels plus ou moins chers. A cette époque de
l'année, les chambres simples sont toutes prises, je suis donc contraint de prendre
une chambre double, mais pour 10 euros la journée, ca reste acceptable. La fatigue se
fait réellement sentir, je tombe comme une pierre...
10h00: Je n'ai plus un seul rial, la priorité de la journée est de faire du change
pour pouvoir payer l'Hôtel, l'autre priorité est de me rendre chez H ( souvenez vous,
le type que j'ai rencontré à Kashan ) pour les retrouvailles. J'arrive tant bien que
mal à faire du change : 30 euros, j'espère que ca suffira pour ces dernières heures
en Iran ( Nous sommes Samedi et mon avion part Dimanche à 5h00 du matin ).
A Kashan, H m'avait écrit son adresse à Teheran sur un morceau de papier. Un taxi m'y
conduit. J'ai la chance de tomber sur un conducteur qui parle un très bon anglais, au
moins on peut discuter pendant la demi-heure que nous perdrons dans les embouteillages
de Teheran. Je retrouve l'appartement de H, qui loge en fait dans une résidence
universitaire avec 2 autres colocataires ( dont le niveau d'etudes est bien supérieur
au mien : physique, aéronautique etc... ), qui sont absents lorsque j'entre dans le
logement. Je raconte à H mon périple au nord de l'Iran, puis nous sortons visiter la
maison de l'Ayatollah Khomeiny connue comme étant le lieu dans lequel l'Ayatollah et
son cabinet prenaient toutes les décisions pendant la guerre Iran-Irak ( 1980-1988 ).
A ma grande surprise, H qui deteste les mollah, aime bien l'ayatollah Khomeiny. Pour
lui, ce sont ses successeurs qui ne se sont pas montrés à la hauteur et ont volés
l'argent du peuple. Il est vrai que la révolution de 1979 était soutenue par une bonne
partie de la population à l'époque.
Nous nous dirigeons par la suite vers l'ancien palais royal, entouré de verdure, et
près duquel se déroule une fête folklorique qui rassemble les différentes cultures
iraniennes ( notamment la culture kurde ). L'ambiance y est bon enfant et quelques
iraniens tentent des danses improvisées devant les orchestres.
Lorsque nous quittons la fête folklorique, L'un des amis de H, Ahmed, nous rejoins.
J'ai demandé à H de m'aider à trouver un narguilé qu'un collègue de travail en France
voudrait que je lui rapporte. Nous nous dirigeons donc vers un bazar, qui est juxtaposé
à un centre commercial, où la jeunesse iranienne fait son shopping. Et pas seulement
le shopping matériel, parceque faut dire que ça drague pas mal ! Les filles comme les
garçons : et que j'te regarde, et que j'te souris ! J'ai moi-même droit à deux sourires
explicites de la part d'iraniennes en moins d'une minute. Et je pars ce soir, c'est
trop injuste ! H me dit que le mardi soir les filles sont encore plus belles. Pourquoi
le mardi ? aucune idée. Petit bémol toutefois, elle sy vont fort sur le maquillage,
bien plus qu'en France, mais il faut dire qu'elles ne peuvent montrer que leur visage,
alors toute l'attention s'y porte. D'ailleurs, le taux de chirurgie esthétique du nez
en Iran est le plus élévé du monde. Je dirais même que c'est une véritable industrie ! Le
nombre de jeunes iraniens que vous croisez dans la rue avec un petit pansement sur le nez
est hallucinant. Les hommes comme les femmes veulent un nez européen. D'Esfahan à Téhéran en
passant par Hamédan, vous verrez beaucoup de ces nez refaits. Ceci cache-t-il un petit
complexe vis-a-vis des occidentaux ?
Dans le centre commercial, nous croisons d'ailleurs des occidentaux. un groupe de 4 femmes
touristes originaires de slovénie et visiblement enchantées de leur séjour en Iran. Elles
acceptent de poser en photo avec H et Ahmed, qui craquent pour les touristes occidentales.
Un peu plus tard, nous finissons par trouver ce que nous étions venus chercher, un narguilé ( 6 euros ).
Mon collègue à Paris va être ravi ( et dégouté aussi quelques jours plus tard lorsqu'un
malheureux incident brisera le narguilé que je lui avais ramené ). Ca me donnera un bon
pretexte pour retourner en Iran ).
Nous retournons dans l'appartement de H, ses colocataires son arrivés entre-temps, et la
soirée se termine par une série de photo et quelques notes de guitare. Il reste encore
une question cruciale. Comment vais-je me rendre à l'Aeroport. Les taxis-radio demandent
près de 40 euros, j'ai 13 malheureux Khomeiny en poche. H négociera pour moi avec un
chauffeur de taxi improvisé ( comme souvent en Iran ), 10 Khomeiny pour me ramener à
l'hotel chercher mes affaires et parcourir les 30km jusqu'à l'aéroport. Je fais mes
adieux à H ( et auparavant à ses amis de l'université ) et le remercie pour tout l'aide
qu'il m'a apportée.
C'est la tête pleine de souvenirs que je m'apprète à quitter l'Iran ...
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